Le rapport entre musique classique et musique actuelle, quelle qu’elle soit n’a jamais été simple.

Hip-hop, rap, r’n’b … musique classique, des entités stylistiques qui aux premiers abords, paraissent être diamétralement opposées. Et pourtant… Depuis toujours, mes écouteurs crachent du rap français ou américain, des rythmes et des sons qui viennent de la rue. Aujourd’hui peut-être un peu plus de deep-house, mais tout ça sans que cela ne m’empêche d’être transportée et subjuguée par la chaconne de Bach ou par le deuxième mouvement de la 7ème symphonie de Beethoven.

Peu à peu, avec le temps et l’évolution de notre société, bon nombre de clichés et stéréotypes sur les musiques et leur différents publics se sont installés. À quoi associe-t’on le plus souvent la musique classique ? « Une musique d’intellectuels », d’élite, sérieuse et surtout, qui n’est pas accessible à tous. Concernant le rap ? « Pas vraiment de la musique », parfois violent, paroles crues et surtout, musique de la rue. Et c’est là que toutes les confusions commencent.

Evidemment, l’observation que je fait aujourd’hui est applicable à presque tous les genres de musique ainsi qu’à plusieurs générations. La situation n’est pas nouvelle et bien qu’elle tende à s’améliorer dans le futur grâce aux différentes avancées, dire qu’il n’y a plus de barrières entre la musique classique et les autres courants ne me semble pas être réaliste.

Le sample, grand ami des musiciens.

Si on prend par exemple l’exemple du rap (français ou américain), la connexion ne date pas d’aujourd’hui. Depuis toujours, les rappeurs samplent des morceaux. En quelques mots, sampler un morceau revient à extraire un échantillon sonore plus ou moins long d’une oeuvre musicale. Une note, une voix, un bruitage ou  un motif musical destiné à devenir une boucle sur laquelle viendra par la suite se poser ue beat, puis des paroles, ou non.

Du jazz aux airs de rock en passant par une multitude de genres, et la musique classique en fait partie. Pour ne pas faire une liste interminable, prenez par exemple le célèbre titre « Paparazzi » de Xzibit dans les années 90 qui reprenait la Pavane de Fauré. Une flûte remplacée par une voix, un tempo légèrement accéléré et un MC qui vient superposer à l’oeuvre de Fauré, sa création personnelle.

Clip Xzibit – Paparazzi


Pour moi, c’est à ce moment-là que la magie opère : deux artistes, deux génies, deux époques qui se rencontrent pour finalement donner vie à une nouvelle oeuvre, sans en avoir dénaturé l’originale. Parce que la musique n’est pas modifiée, contrairement à ce que certains puristes pourraient penser. La musique, à mon sens, n’est qu’utilisée comme une base à l’expression. Ce sont les notes écrites il y a 500 ans  qui vont servir de socle au MC. Ce sont celles-ci qui accueille les paroles et qui les portent tout le long d’un morceau.

Briser les clichés.

À l’heure actuelle, je pense qu’il n’est que possible de briser ces barrières en partie sociales qui créent malheureusement une sorte de dualité culturelle qui impose des limites factices. Comme s’il était interdit de faire du hip-hop avec un violon ou à l’inverse d’être de jeunes MCs (rappeurs) souhaitant rapper sur de la musique dite « savante » occidentale, débarquant des siècles précédents sans que cela ne fasse d’eux des “snobs”. Développer des projets, découvrir via internet et youtube mais surtout… dialoguer et se rencontrer, c’est là que ce trouve la solution. 

La musique électronique, nouvelle amie de la musique classique ?

Si l’on suit les repères temporels et chronologiques des différentes périodes de la musique, le XXIème siècle incarne l’époque de la musique contemporaine. Technologies qui se développent, nouvelle importance donnée au son des objets, à l’espace et au traitement de celui-ci. Les grands chefs et les plus grands orchestres jouent désormais un jour la symphonie du nouveau monde de Dvoràk et le lendemain, une oeuvre orchestrale de Pierre Boulez.

Au « même moment », et depuis maintenant plusieurs années, la techno, l’electro, la house, la deep house ou la drum’n’bass réinvestissent les salles de concerts. Festivals de plus en plus nombreux et dj de plus en plus célèbres, bien que depuis toujours présents… C’est là qu’une nouvelle connexion se fait. Les grands artistes actuels comme Carl Craig ou encore Laurent Garnier rencontrent les orchestres, les musiciens et les chefs pour créer ensemble et combiner au mieux leurs talents.

La techno de Carl Craig rencontre la musique contemporaine.

En 2008, c’est sur trois ovations et quatre rappels que se termine le concert du programme Versus à la Cité de la Musique de Paris. Carl Craig, l’un des fondateurs de la techno de Detroit, et les Siècle, orchestre de musique contemporaine dirigé par François-Xavier Roth. Au centre, le pianiste luxembourgeois Francesco Tristano.

Derrière ses machines, intervenant en temps réel sur le traitement sonore des instruments au moyen d’effets ou de jeux de spatialisation, Carl Craig est le maître de cette cérémonie donnant à l’ensemble une dimension véritablement symphonique.