Sushis, bo-bun, poke bowl, depuis quelques années, la France, capitale mondiale de la gastronomie, se laisse envahir par une multitude de nouvelles tendances gustatives venant de différents continents et laisse place à un nouveau genre de restauration. Est-ce une mode ou une volonté de changer d’alimentation ? Taylor Chiche, restaurateur possède déjà trois restaurants à 32 ans, classés dans les plus « branchés » de la capitale. Lui, a choisi de garder dans ses menus l’authenticité de la cuisine française en proposant des plats nationaux.
Nous l’avons rencontré afin d’en savoir un peu plus sur l’avenir de la restauration en France.

Votre métier en 3 mots ?

Qualité, communication, relationnel.

 

Comment vous êtes-vous démarqué des autres restaurants ? Par quels moyens vous êtes-vous fait connaître ?

Tout d’abord, il faut savoir que je ne suis pas issue du métier de la restauration. Mon parcours est très atypique et autodidacte. J’ai décidé de monter le restaurant « La parizienne » car j’avais pas mal de contacts à l’époque. De plus, j’ai vécu à Los Angeles, où j’ai eu la chance de créer des relations privilégiées avec tout le gratin hollywoodien. Il a donc fallu jouer là-dessus pour faire un maximum de buzz autour de mon restaurant. La semaine de l’ouverture, j’ai débranché le téléphone, personne ne pouvait prendre de réservation. Du coup, les gens étaient obligés de se déplacer et tout le monde faisait la queue. Je ne laissais rentrer que les stars, la presse a été attirée et on a commencé à parler de moi un peu partout dans les médias. Depuis ces trois dernières années, mon restaurant est celui qui a fait le plus de parution dans les magazines people. Aujourd’hui, « La parizienne » est toujours connue pour recevoir les plus grandes stars de la planète, c’est mon fond de commerce.

 

Pourquoi s’intéresser à la restauration française plutôt qu’une autre ?

J’ai voulu créer un rendez-vous pour réunir tous les gens que je connais. Un endroit où l’on se sent bien, avec des gens qu’on apprécie. J’adore la cuisine, je cuisine moi-même. En choisissant la gastronomie française, je voulais que tous les français s’y reconnaissent. A l’époque, il n’existait pas de restaurants branchés alliés à la cuisine française. On ne trouvait pas un gigot d’agneau dans un restaurant branché, ni de souris d’agneau. De plus, là où se trouve mon restaurant, sur la place du marché Saint Honoré, il n’y avait pas de restaurant français. En effet, on trouvait du japonais, de l’italien, etc, mais pas de français, ça m’a donc permis de me démarquer. Lors de mon séjour à Los Angeles, j’ai compris que la cuisine française était appréciée de tous. Notre pays est surtout connu pour ça, c’est là où l’on mange le mieux au monde, et on où l’on possède les meilleures matières premières.

Quelle évolution notez-vous dans la restauration ces dernières années ?

D’après moi, les gens sortent plus qu’avant, mais il y a un peu moins de monde proportionnellement dans toutes les affaires. Il y a peut être 200 restaurants qui ouvrent par semaine ou par mois, c’est énorme. On a l’embarras du choix lorsqu’on veut aller au restaurant. Il n’y a plus de grosses affaires qui marchent vraiment, mais plein de petites affaires qui fonctionnent.

 

Ressentez-vous la concurrence des autres pays/cuisines ?

Il y a 30 ans il n’y avait que des restaurants français qui ouvraient. Maintenant, les nouveaux restaurants font de la cuisine française revisitée. C’est des cycles. Il y a 10 ans c’était le sushi, aujourd’hui, on trouve énormément de restaurants italiens, mais c’est surtout l’ère du burger. Je ne ressens pas particulièrement la concurrence des autres pays, la cuisine française restera toujours appréciée et appréciable, mais on s’ouvre plus aux autres cultures, ce n’est pas dérangeant.

                                       

Comment la cuisine « made in France » peut-elle rester au top d’après vous ?

Vis à vis de l’étranger, on sera toujours au top. C’est comme des clichés, on pense tous que tous les chinois savent faire du karaté, les français c’est pareil avec la cuisine. Beaucoup de chefs cuisto sont connus à l’étranger, et il y a une bonne relève derrière aussi. Après en France, je pense qu’il y a vraiment du boulot. Mais en même temps on est fort, car il n’y a jamais eu autant d’émissions TV de cuisine, il n’y a jamais eu autant de livres de cuisine, etc. On détient énormément de chefs étoilés. La gastronomie française est et restera au top, ce qui en l’occurrence ne l’est pas c’est la cuisine française de base. Il faut changer sa carte régulièrement, en gardant ses produits phares, vérifier la qualité des produits, se mettre au goût du jour et savoir se remettre en question.

Son portrait dans Zone Interdite (07/2014) : https://vimeo.com/101932317

 

Julie ELGHEZ