Le football est l’objet de passions exacerbées dans le monde entier. Le fait de prendre partie pour une équipe plutôt qu’une autre, décuplerait l’intérêt du match de football selon Sébastien Louis1. Il est clair, que les supporters de football constituent un des éléments clés du spectacle : sans la passion qu’ils témoignent, sans toutes les démonstrations qu’ils communiquent, le match de football en lui même n’aurait surement pas la portée et l’impact qu’il a aujourd’hui. Mais qu’est-ce vraiment les ultras?

Naissance du mouvement des ultras : modèle européen.

© Guillaume Warth

De nombreux a priori, des préjugés ou encore des étiquettes formatent la vision du supportérisme dans la société, c’est pourquoi il parait nécessaire de l’expliquer afin de comprendre, dans un deuxième temps pour certains font preuve de xénophobie.

Dans l’un de ses sketchs Michel Colucci, alias Coluche, employait des mots forts, presque insultants, qui révèlent pourtant bien l’image renvoyée par le monde footballistique : « On peut toujours trouver plus cons que les supporters : y’a les sportifs. Parce que les supporters, ils sont assis et les autres, ils courent ! ».

« Les ultras sont violents. Les ultras sont racistes… » « Malgré cela, le supportérisme a su se développer dans tout l’hexagone malgré les amalgames entre ultras et Hooligans qui sont encore aujourd’hui très encrés dans les moeurs françaises. »

On peut définir quatre manières bien différentes de supporter une équipe et contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas son assiduité qui fera du supporter un ultra. Il est donc très important de faire la distinction entre ces divers profils, malgré que le contraste entre certaines formes de supportérisme soient minces. Je me concentrai sur le principe de supporter ultra.

Sur l’échelle de l’engagement à son équipe, au dessus du supporter classique se trouve l’ultra. Pour mieux comprendre ce mouvement, cette philosophie de vie, j’ai d’abord décidé de me pencher sur ses origines étymologiques. La plupart des dictionnaires s’accordent à dire que la racine latine du mot ultra, signifie « au delà »2. Étymologiquement ce terme renvoie donc à une forme d’excès ou même d’une certaine exagération. « Être ultra, c’est aller au delà. […] c’est être partisan des choses au point d’en devenir l’ennemi »3 est la définition que Victor Hugo faisait de ce concept.

Être ultra, dans le langage transalpin, signifie être engagé au sens quasi militant du terme dans le soutien à son équipe c’est-à-dire accorder une place importante à son club dans sa vie. C’est être présent pour tous les matchs à domicile mais aussi pour ceux à l’extérieur sans oublier de contribuer à la préparation et à la création, en amont, de tous les drapeaux et autres tifos4 qui seront déployés. Les ultras parisiens par exemple ont été influencé par la philosophie italienne en ce qui concerne le supportérisme à son équipe. Dans le documentaire PARC5, l’ancien porte parole des Tigris Mistik, association aujourd’hui dissoute d’ultras parisiens, explique : « Quand j’étais à la fac, j’ai passé des journées à ne pas aller en cours et à préparer des gros tifos du matin au soir tard. Quand je bossais après, parfois, après le boulot, tu passes au Parc tous les jours ou plusieurs fois par jour selon l’importance du tifo ».

L’amour pour le club ne les pousse pas seulement à consacrer du temps dans l’organisation du soutien à leur équipe mais également de l’argent. Certains, les plus pauvres d’entre-eux, investissent le peu d’argent qu’il leur reste pour vivre leur passion. Dans le documentaire PARC, Abdelmalek Boutih6, homme politique français, explique : « comprendre qu’un mec puisse faire 2000 kilomètres avec une caisse, alors que lui n’a qu’un SMIC voire qu’il est chômeur, parce que c’est son club, c’est la quintessence du football c’est pour ça que le football n’est pas un sport comme les autres ». Grâce à ces mots l’on comprend qu’être ultra c’est porter un amour inconditionné à son équipe, quitte à se ruiner.

Sébastien Louis, Le Phénomène ultras en Italie, Préface de Christian Bromberger, Éditions Mare & Martin, 2006.
Selon Trésor de la Langue Française Informatisé.
Citation issue du Tome III de son oeuvre Les Misérables (1890).
Animation visuelle, recouvrant généralement toute la tribune, faite de papier, de bâches en plastiques…
PARC, William S. Touitou et Jérôme Benadiner – Production WHENWEWEREKIDS (2013)
Président de SOS Racisme de 1999 à 2003 et secrétaire national du Parti Socialiste chargé des questions de société de 2003 à 2008.