Tu parles l’africain ? Combien de fois, ai-je entendu cette phrase , je ne compte plus. Mettons les choses au clair, il n’ y pas de langue qui s’appelle l’africain. Tout comme il n’y a pas de langue qui s’appelle l’asiatique. Il y a des langues africaines. L’Afrique est un continent, peuplé en 2016 de 1 216 130 000 habitants.
Il y a environ 2000 langues parlées en Afrique, elles sont classées en cinq familles. Les langues afro-asiatiques, nilo-sahariennes, nigéro-congolaises, khoisan et austronésiennes. Bon ça fait beaucoup tout ça.

 

Dans la plupart des pays d’Afrique, il y a la langue officielle, qui généralement est celle qui a été transmise pendant la colonisation telles que l’anglais, le français, l’arabe et le portugais. Ces langues sont principalement parlées dans les administrations. Prenons un pays comme l’Afrique du Sud, elle compte onze langues officielles à elle toute seule. Je vais me concentrer sur les langues nigéro-congolaises qui sont les plus nombreuses. Il y a le lingala, parlée dans les deux Congo, ainsi qu’une partie de la Centrafrique. On retrouve le haoussa au Nigéria, qui est également parlé dans d’autres pays d’Afrique de l’ouest tels que le Bénin et le Togo.

 

 

 

Entrons dans le vif du sujet

 

Ce que je veux dire c’est que vous pouvez être du même pays mais ne pas parler le même dialecte, parce que vous n’êtes pas de la même ethnie, vous ne venez pas de la même région. Par exemple, la région dont ma mère est  originaire on parle le kituba (prononcez ou), alors que celle de mon père c’est le lari. D’un pays à un autre, on peut parler le même dialecte, ce qui est souvent le cas dans les villes où les villages frontaliers. Les langues africaines issues des groupes bantous sont les plus parlées en Afrique, elles vont du Nigéria à l’Afrique du Sud.

Prenons un pays comme Madgascar, où l’on trouve des habitants originaires de plusieurs endroits, tels que certains pays d’Asie, il ne pourra pas communiquer avec un nigérian dans son dialecte et vice versa. Mais ils sont tous les deux africains.

Le pays qui résume le mieux cette diversité, est l’Afrique du Sud, aussi appelé pays arc-en-ciel. En effet, la première population est noire, ils sont bantous. Les langues prédominantes sont le zoulou et le xhosa. Il y a ensuite la population blanche qui en majorité parle l’afrikaans. Vient ensuite l’anglais. Puis viennent les indiens et d’autres asiatiques. Aujourd’hui un sud-africain qui ne parle que le xhosa ou le zoulou peut se rendre dans une administration et ne rencontrer aucune difficulté car ces langues font parties des langues officielles

 

Exemple concret

 

Revenons aux autres pays, dans la plupart des pays d’ Afrique Centrale, le français est la langue officielle. Mais il y a les langues nationales qui sont très importantes dans les activités de la vie quotidienne, telles que le commerce, la télévision et même les administrations. Si vous allez dans une ambassade de l’un de ses pays à l’étranger, vous entendrez certainement des agents administratifs parler dans l’une des langues nationales. Malheureusement, elles se perdent. Les parents intellectuels ont tendance à parler à leurs enfants en français ou en anglais. Et ne communiquent dans leurs langues  que lorsqu’ils se retrouvent avec le reste de la famille ou que l’on va dans son village. Ces langues font notre fierté. Elles représentent qui nous sommes, nos origines, notre culture, notre identité, notre culture. Lors d’un mariage coutumier, si les futurs mariés ne sont pas de la même ethnie, les interlocuteurs des deux familles parleront dans l’une des langues nationales. Si par exemple, ils viennent tous les deux du sud du Congo, mais pas de la même ethnie, ils parleront en kituba. Lorsqu’ils viennent du nord, ça sera en lingala. Les mères par exemple dans les transports en commun européens, lorsqu’elles sont accompagnées de leurs enfants, parlent souvent en dialecte. Non pas pour parler des gens autour, même si cela arrive parfois, mais pour parler de choses qui les concernent. Cela fait toujours plaisir d’entendre une personne parler un dialecte que l’on comprend, on se sent comme lié à elle. Je vais vous raconter une anecdote. Il m’est arrivé une fois d’être dans un restaurant, et deux femmes juste derrière moi parlaient de moi en mal. Je ne les connaissais pas. Lorsque je me suis levée, je leur ai dit clairement que j’avais tout compris et que j’étais congolaise comme elles. Vous imaginez la gêne. C’est pour dire que ça peut également être dangereux surtout si l’on parle du mal des gens, parce qu’on ne sait jamais en face de qui nous sommes.

 

Tout ça pour dire, qu’il n’ y a aucune langue qui s’appelle l’africain. Que l’Afrique est un continent et pas un pays, qui est composé de diverses cultures, coutumes, langues. Diverses religions, croyances. Diverses couleurs de peau également. Et non, tous les africains ne sont pas noirs, et ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas noirs qu’ils ne sont pas africains. Nous sommes fiers de qui nous sommes et nos langues font partie de notre patrimoine, de notre fierté.

 

Et avec l’avènement d’Internet, c’est abusé en 2017 d’entendre : «  Tu parles l’africain ? ». J’espère qu’après avoir lu cet article, vous ne poserez plus cette question.

 

Et toi au fait, tu parles l’européen ?

 

Chloé M