Relations presse, événementiel, production audiovisuelle… Voilà plutôt les secteurs privilégiés par les jeunes stagiaires communicants. Il est rare que certains se forgent une expérience professionnelle dans une institution publique et notamment à l’armée.

L’armée : un environnement inédit

En début d’année, j’ai été reçue au service d’information et de relations publique de l’Armée de l’Air pour un stage de quatre mois et demi en tant que journaliste institutionnelle. Rassurez-vous, ce n’était pas un stage militaire. En réalité, pour moi, c’était comme travailler en agence. Les seules différences, mais pas des moindres, étaient que 99% de mes collègues étaient en uniforme et que nous travaillions pour l’État (bonjour la pression les premiers temps).

Je ne vous cache pas l’intimidation lorsque vous travaillez au ministère de la Défense. Le matin vous arrivez au travail, vous êtes contrôlés par des militaires à chaque entrée sur et vous en croisez toute la journée malgré le grand nombre de civils travaillant au ministère. Autant vous dire que je me tenais discrète au début du stage.

En revanche, contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’atmosphère n’est pas si tendue. Bien sûr, la « militarité » est omniprésente sur le site : « Bonjour colonel », « Commandant », « Capitaine »… On apostrophe les gens différemment mais il faut s’y habituer. On prend vite le pli et on se sent vite à l’aise, même dans cet environnement qui n’est pas naturellement le notre.

Les missions (pas du tout confidentielles)

Vous vous en doutez, je n’ai pas été habilité secret défense pendant ce stage (communication et relations publiques obligent…). À ma grande surprise, je n’ai même pas du signer de close de confidentialité à mon arrivée. Désolée de vous décevoir mais je ne vous apprendrai rien sur les activités militaires françaises que vous ne savez pas déjà.

Je peux cependant vous parler des missions qui m’ont été confiées, ce qui ne sera pas moins intéressant. Ma principale activité était de rédiger et/ou réécrire des brèves pour le site web de l’Armée de l’Air . J’ai également pu rédiger deux articles pour le magazine officiel de l’Armée de l’Air Air actualités. Si ça vous dit d’aller y jeter un coup d’oeil, vous pouvez acheter le numéro de février dernier (bientôt disponible en lecture web ici). Brèves et articles ont bien évidemment été signés de mon nom (#fierté).

Dans le cadre de la rédaction de mes articles notamment, j’ai pu partir en reportage plusieurs fois. J’ai alors rencontré des militaires et civils de la Défense pour effectuer des interviews et ai assisté à des événements militaires, toujours accompagnée d’un photographe de ma section.

Je m’y attendais mais certains reportages étaient très éprouvants émotionnellement. En effet, j’ai du à plusieurs reprises rencontrer des blessés de guerre et blessés en service. C’est très impressionnant lorsque l’on y est pas habitué à voir des gens blessés de se retrouver dans une chambre d’hôpital avec quelqu’un qui a perdu une jambe ou une main et de devoir lui demander comment cela s’est produit. Je vous assure que votre vision de la vie change du tout au tout après avoir vécu cela.

La culture de l’air

Le monde militaire et l’aéronautique sont des secteurs très spécialisés. En conséquence, j’étais un peu perdue au début. Je ne savais pas de quoi je parlais et, pour vous dire, je ne savais même pas ce qu’était un aéronef… Ce qui a beaucoup fait rire mes collègues lorsque je leur ai demandé  ce que c’était plus d’un mois après mon arrivée.

Mais, plus le temps passait, plus je me familiarisais avec le milieu. Au bout de quelques semaines, les grades militaires et l’emplacement des bases aériennes n’avaient plus aucun secret pour moi. J’ai également appris à différencier les hélicoptères, avions de chasse, de transport et drones militaires les uns des autres. Concernant l’aéronautique pure et dure, j’ai cependant peur que cela soit trop technique pour mon cerveau de communicante…

Le fait d’avoir été plusieurs fois sur le terrain m’a permis d’assimiler plus vite ce milieu. Souvent en contact avec des officiers supérieurs, je ne pouvais pas me permettre de mettre mon service dans l’embarras à cause de sa stagiaire. Ainsi, chaque jour, je testais ma culture de l’Armée de l’Air sur mes collègues. L’une des choses qu’il me semble le plus important de retenir est de ne pas avoir peur de poser des questions. On se sentira peut-être stupide pendant 5 minutes, cela vaudra toujours mieux que de paraitre stupide jusqu’à ce qu’on se rende compte de son erreur !

Une vision changée

Ce stage aura pour moi été extrêmement riche en nouveautés. Malgré l’intimidation et la pression du début, ma vision de l’armée a complètement changé. Je dirais même qu’elle est née. Avant ces quatre mois à l’armée, je n’avais en réalité aucune opinion ni aucune idée sur le travail qu’elle fournissait.

Beaucoup de professions que l’on peut généralement qualifier de « civiles » peuvent être exercées. Journaliste, analyste, webmestre, community manager, comptable… L’armée a énormément de faces cachées.

En tant que civile, j’imaginais ce milieu comme peuplé de règles et de personnes rigides. Certes, les règles sont omniprésentes, mais j’avais tort concernant les gens. Ils sont en uniforme et travaillent pour l’État. Cela ne les empêche en rien d’avoir une vie privée pleine de péripéties, tout comme nous, ou de rire et faire des blagues aux supérieurs avec leur stagiaire (ne répétez pas ce que je viens de d’écrire).

Bien que ce stage ne m’ait pas donné envie de m’engager dans l’armée, je suis très fière d’avoir travaillé au service du gouvernement. Dans la rue, je ne peux plus m’empêcher de sourire aux militaires qui patrouillent et de me dire, en fonction de leurs galons et de leur couvre-chef « Ah, un aviateur », ou « Bouh, un terrien » (il y a une certaines rivalité entre les différentes armées, bon enfant bien sûr !).

Si un jour je changeais d’avis et que je voulais me lancer dans une carrière militaire ou travailler en tant que civile de la Défense, ce serait dans l’Armée de l’Air qui sera toujours mon armée de coeur.